Choisir le bon appareil, effectuer les bons réglages
Quel plongeur ne souhaite pas garder un souvenir des fonds marins qu’il a explorés ?
Reste que la photo sous-marine exige non seulement un bon niveau de plongée, mais aussi une certaine connaissance des techniques photographiques. Sous l’eau, les paramètres de prise de vue sont loin d’être identiques à ceux utilisés sur terre. Ce livre blanc va vous guider pas à pas pour vous aider à choisir le matériel adéquat et faire vos premiers réglages « aquatiques ».
Le matériel | Adapter son appareil à son niveau de plongée | Les bases techniques | Les bons réglages
Non, le matériel photographique sous-marin n’est pas forcément cher et compliqué. Les constructeurs proposent des gammes adaptées aux débutants comme aux professionnels. On y retrouve trois types d’appareils, les hybrides avec caisson étanche, les compacts étanches ou avec caisson et les caméras.
Les hybrides avec caisson
C’est le nec plus ultra pour s’assurer des photos de grande qualité. C’est aussi l’option la plus chère. Et celle qui exige le plus de compétences techniques. Si vous possédez déjà un hybride, vous n’aurez plus « qu’à » acheter le caisson. Comptez plusieurs centaines d’euros. (Et entre 2.000 et 3.500 euros - sans dôme - pour des caissons haut de gamme).
Important : assurez-vous que le caisson que vous souhaitez acheter s’adapte parfaitement à votre appareil (dimension, position des boutons déportés, écran…). Vérifiez aussi que votre objectif y trouvera sa place. Sous l’eau, impossible de changer d’objectif et acheter un dôme pour chaque objectif risque d’être très onéreux. Alors, optez pour la parfaite combinaison (boîtier + objectif) avant d’investir.
Les compacts étanches
Si votre budget est limité à quelques centaines d’euros et que vous souhaitez un appareil robuste et simple (même vos enfants pourront l’utiliser !), le compact est fait pour vous. Ne vous attendez toutefois pas à prendre des clichés dignes du National Geographic, avec un compact. Cela dit, vous serez étonné par le résultat que vous pourrez malgré tout obtenir. Le compact est, en quelque sorte un « entre-deux », tant en termes de budget que de complexité. De plus, le mode sous-marin – disponible uniquement sur les compacts – paramétrera votre appareil pour un meilleur rendu.
Aujourd’hui, toutes sortes d’options et de paramètres sont disponibles pour que votre compact « sous-marin » puisse également servir à prendre vos photos de tous les jours. Si vous possédez déjà un compact « traditionnel », des caissons existent pour l’emmener dans les grands fonds. Ils sont généralement meilleur marché que les boîtiers pour hybrides.
Voir appareils sous-marinsLes caméras
Que vient donc faire une caméra dans un livre blanc consacré à la photo, me direz-vous ? Aujourd’hui, la GoPro est devenue quasi incontournable dans la photo sous-marine, comme dans la pratique de beaucoup d’autres sports, d’ailleurs. C’est que ce petit cube est bien plus malin qu’il en a l’air : solide, simple d’utilisation, pratique, il prend des photos de bonne qualité et réalise des vidéos 4K remarquables. Ses nombreux accessoires permettent en outre une multitude de prises de vue originales. Vous pouvez l’accrocher à votre poignet, la fixer sur votre tête ou sur un appareil, y greffer un filtre à l’avant, un écran à l’arrière… Pour quelques euros de plus que certains appareils étanches, cette petite caméra pourrait bien vous séduire…
Pour choisir le matériel adéquat, posez-vous les bonnes questions :
1. Mon appareil, je l’utilise à 3 mètres, à 20 ou à 50 ?
C’est important afin de choisir un niveau d’étanchéité suffisant. Vous trouverez des appareils wa- terproof ou des caissons étanches qui conviennent à des profondeurs allant de 1 à plus de 100 mètres.
Choisissez toujours un matériel dont l’étanchéité est supérieure à la profondeur a laquelle vous évoluerez. Concrètement, cela signifie qu’un appareil qui garantit une étanchéité jusqu’à 3 mètres sera idéal pour les milieux humides comme les bords de mer : si vous souhaitez seulement photographier vos enfants jouant dans les vagues. De même, pour les photos en piscine et le snorkeling, votre appareil devra résister à une profondeur de 5 à 10 mètres. Quant aux adeptes de la plongée bouteille et des grandes profondeurs, jetez-vous plutôt à l’eau avec un appareil qui correspond à votre niveau, ou au futur niveau que vous pensez acquérir. Il serait dommage que votre appareil ne vous serve qu’une saison…
2. Je fais tous les réglages moi-même ou je fais confiance à l’appareil ?
Vous devez prendre en compte vos capacités à gérer les réglages sous l’eau. Êtes-vous à l’aise ou pas ? L’excitation, le stress (inhérent à toute plongée) peuvent vous rendre moins habile que sur la terre ferme. Il est essentiel de ne jamais se mettre soi-même en danger quand on est accaparé par la photo à prendre.
3. Mes photos, je veux en faire quoi ?
Comme en surface, le principe est le même, l’exploitation de vos images ne dépend pas que de vos talents de photographe, mais aussi du matériel avec lequel vous aurez pris vos clichés. Vous êtes plongeur confirmé et vous aimez la photo, vous aimeriez publier ou diffuser vos images, même sur un blog perso, alors nous vous conseillons d’investir dans un caisson pour votre hybride. Si vous n’en avez pas les moyens, vous pouvez vous rabattre sur la fameuse GoPro.
Vous êtes plutôt plongeur occasionnel, tout simplement amoureux des belles plages où vous aimez la piscine, vos photos défileront juste sur l’écran de votre ordi ou seront montrées à la famille et aux amis ? Dirigez-vous vers les compacts étanches.
Sous l’eau, la luminosité et les couleurs changent, ce qui affectera indéniablement la qualité de vos prises de vue. Votre appareil sera aussi moins réactif : une plus faible luminosité engendre un temps d’exposition plus long. Et qui dit temps d’exposition plus long avec un mauvais appareil, dit photos floues.
Pour réussir au mieux vos prises de vue, l’ensoleillement est donc primordial. Sachez que plus vous descendrez en profondeur, moins la lumière sera bonne.
Pensez aussi à la position du soleil - de préférence derrière vous - pour éviter les effets de contrejours.
Les couleurs, on vous l’a dit, seront très différentes. L’eau est un filtre naturel qui décompose la lumière et ne laisse que peu passer la couleur rouge, particulièrement sous les 3 mètres de profondeur. Si votre compact dispose d’un mode sous-marin, il devrait directement en ajouter pour compenser ce manque. Si vous êtes équipé d’un appareil ne disposant pas de ce mode – comme les appareils hybrides ou la GoPro –, vous pouvez (par ordre de qualité) soit équiper votre objectif d’un filtre rouge, soit faire vos corrections plus tard grâce à un logiciel de retouche d’image comme Photoshop ou Lightroom, par exemple.
Quel format de fichier pour mes photos ?
Dans l’eau comme sur terre, n’oubliez pas de régler la qualité de vos photos – la définition est souvent exprimée en Mégapixel –. Évidemment, plus le chiffre est important, plus la qualité sera au rendez-vous. Sur les appareils d’entrée de gamme, vous n’aurez pas trop le choix, les images ne seront pas enregistrées autrement qu’en JPEG, c’est un format qui compresse vos images, c’est une compression dite « destructive ». Le format natif non compressé est le RAW. Les hybrides et certains compacts ou Bridges vous proposeront ce format haute qualité, indispensable pour les grands tirages. Mais attention, le RAW est gourmand en place : 25 Mo minimum par image au lieu des 4 à 6 Mo habituels ! Vous aurez donc besoin d’utiliser des cartes de grandes capacités (64 ou 126 Go minimum) et rapides (classe 8 ou 10). Si votre photo prend de la place sur votre carte, elle en prendra aussi sur votre ordinateur. Du coup, une astuce intéressante que proposent certains fabricants : un enregistrement simultané en JPEG et en Raw pour chaque image ! Si cela vous prend plus de place sur la carte mémoire, vous pourrez ensuite trier plus facilement sur votre ordinateur celles qui valent la peine soit d’être conservées en RAW, soit en JPEG.
Petite astuce
Lors de l’utilisation d’un flash : sélectionner une sous-exposition de -1 à -2 voire plus, ce qui per- met de détacher de belle façon le sujet éclairé par le flash du fond bleu de l’eau (par exemple pour les hippocampes, ou des branches de corail, car le fond prend alors une teinte plus sombre, du noir au bleu foncé).
Un autre facteur à prendre en compte pour ne pas être déçu : l’éloignement de votre sujet. Une fois sous l’eau, votre masque aura tendance à grossir et rapprocher ce que vous voyez, en général comptez environ 30 % (et oui, le requin face à vous n’est en fait pas si terrifiant que cela…). Il y a des chances que votre appareil n’en fasse pas autant… Vous devrez donc vous habituer à bien cadrer votre sujet par rapport à ce que vous voyez, pour que votre poisson ne paraisse pas ridiculement petit ou que votre cadrage rogne sa queue…
Avant de vous jeter à l’eau, vous allez devoir faire quelques contrôles...
Avec un compact, commencez par contrôler la bonne fermeture des trappes (batterie, carte). Le principal risque pour ce type d’appareil, c’est que l’eau s’infiltre par ces endroits. Normalement, la manipulation pour l’ouverture est un peu plus complexe qu’un simple appareil, pour éviter une ouverture accidentelle sous l’eau.
Pour les appareils avec caisson, avant de fermer la trappe d’accès, vous aurez à vous assurer de certains points :
Quel que soit votre matériel, vous devez toujours avoir un bracelet avec cordon qui vous attache à lui avant d’entrer dans l’eau, et ce, pour deux raisons : sauver votre matériel bien sûr, mais être capable de vous libérer les mains à tout moment dans une situation délicate. De plus, perdre votre appareil en mer serait source de pollution. Ses batteries et circuits sont hautement polluants.
Prêt à plonger ?
Procédez d’abord à une immersion par étapes, appareil éteint. Plongez votre appareil une à deux secondes dans l’eau et remontez-le : vérifiez qu’aucune présence de gouttelettes ne se manifeste à l’intérieur, aux abords des joints. Si vous avez découvert ces gouttelettes, rouvrez votre caisson, séchez-le bien pour éviter que de la buée se forme une fois l’appareil à nouveau sous l’eau. Refaites un test. Aussi, toujours bien inspecter ce joint et le « graisser » comme il faut avec du gel de silicone pour l’étanchéité.
Si le premier essai est concluant, descendez dans l’eau, passez la tête sous l’eau et plongez-le à nouveau, plus longuement. Si aucune bulle ne s’échappe de l’appareil après 2 ou 3 secondes, c’est que l’appareil est en sécurité. Allumez-le, sinon, recommencez la procédure.
Vous apercevez de l’eau ou de la condensation à l’intérieur de l’appareil : éteignez-le immédiatement, retirez la batterie et laissez-le sécher toutes trappes ouvertes. Une simple goutte d’eau n’abimera peut- être pas votre appareil, mais risque de se condenser à l’intérieur et former de la buée sur la vitre intérieure de l’objectif, le rendant inutilisable les prochaines heures.
Quand c’est possible, laisser « tremper » l’appareil, plus le caisson, dans un bac d’eau, juste avant les plongées, pour qu’il se mette progressivement à la bonne température, ça évitera l’effet - très énervant - de condensation qui fait « buée » sur l’objectif.
En plongée, vous voilà en quête d’un banc de poissons tropicaux ou d’une épave. Voici 10 conseils à ajouter à ceux que vous connaissez déjà :
Conseil n° 1
Favorisez les prises de vue dans une eau la plus claire possible. Malheureusement, l’eau peut devenir trouble pour plusieurs raisons (la marée, le temps, le courant) et varier en un clin d’œil. Les sédiments peuvent également donner un côté terne à vos images.
Conseil n° 2
Stabilisez-vous. Le manque de luminosité vous obligera à être le plus fixe possible pour éviter une photo floue. En piscine c’est facile, mais en mer… Vous pouvez vous stabiliser grâce à vos palmes, en écartant les jambes et en tenant votre appareil à deux mains, l’idéal étant de s’accrocher avec une main à un rocher. Attention de ne pas toucher les coraux s’il y en a : vous risquez de les abimer ou de les casser et certains sont irritants
Conseil n° 3
Approchez-vous le plus possible du sujet, à moins d’un mètre si c’est possible : vous y gagnerez en luminosité, couleur, piqué et définition.
Conseil n° 4
Évitez les vues plongeantes (du haut vers le bas) sur votre sujet et essayez de vous mettre au même niveau que votre sujet ou alors de voir le bleu qui s’assombrit face à vous et non la rocaille qu’il y a au fond.
Conseil n° 5
Mettez vos photos d’aplomb. Même sous l’eau, c’est important. Pour cela, la surface de l’eau vous aidera plus que le fond.
Conseil n° 6
Un beau poisson sera bien plus en valeur avec un beau fond et prise de ¾ face ou de côté plutôt que de derrière.
Conseil n° 7
Jouez avec le soleil. Préférez-le le plus fort possible, et derrière vous. Vous aurez peut-être aussi la chance de prendre des rayons qui s’infiltrent dans l’eau, un arrière-plan de toute beauté.
Conseil n° 8
Si vous êtes bon nageur, depuis le fond, regardez la surface : vous aurez à ce moment la chance de faire de très jolis effets, même en piscine, avec ou sans lâcher de bulles.
Conseil n° 9
L’utilisation du flash pourra peut-être s’avérer nécessaire. Mais sachez qu’un flash traditionnel n’aura une portée que d’un mètre maximum sous l’eau et qu’en cas de particule (microalgue, sable en suspension, …), il accentuera leur présence. Le mieux consiste à investir dans un flash externe. Là, on maîtrise l’intensité et la direction de la lumière, pour des résultats incomparables !
Conseil n° 10
À la fin de chaque journée, un bon nettoyage de votre matériel à l’eau douce s’impose. Il permettra de retirer tous les éléments nocifs de votre matériel, tels que l’iode en mer, le chlore à la piscine ou d’autres matières (bactéries, microalgues…). Ces éléments peuvent dégrader les joints d’étanchéité, ternir les plastiques (dont celui qui protège votre objectif), corroder ou gripper les mécanismes. Profitez-en pour faire de même avec votre masque ou lunettes de plongée. Finissez par contrôler vos joints d’étanchéité.
Le meilleur conseil à vous donner ? Amusez-vous ! Il y a plein d’effets à faire sous l’eau. L’un de nos préférés : prendre une photo avec une moitié de l’objectif sous l’eau et l’autre au-dessus. Une astuce pour réussir cet effet : tenez votre appareil bien horizontalement et mitraillez.