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Photographier le (presque) infiniment petit !

La macrophotographie est une technique ou, plutôt, une catégorie de photo. À l’époque de l’argentique, on parlait de photo macro lorsque la taille réelle d’un sujet était plus petite que celle qui ressortait sur le négatif (c’est à dire à une échelle d’au minimum 1 pour 1). Aujourd’hui, en pleine ère numérique où l’on ne connaît plus réellement le lien entre la prise de vue et le rendu à l’écran, c’est un peu plus complexe, mais la définition reste malgré tout dans la même logique : à l’intérieur de votre appareil numérique se trouve une chambre avec un capteur. C’est donc à celui-ci que le ratio de grandeur va se rapporter pour savoir s’il y a bien agrandissement du sujet.

On parlera donc de macrophotographie lorsque la taille de l’image formée sur le capteur est au moins aussi grande que celle du sujet photographié. Par exemple, si vous photographiez un sujet dont la taille est égale à 1 cm dans la réalité, son image doit être au moins égale à 1 cm sur le capteur pour que l’on puisse dire qu’il s’agit d’une photo macro.

Quel matériel pour réussir ? | La profondeur de champ | Stabilité à tout prix ! | Méfiez-vous du flash !

materiel

QUEL MATÉRIEL POUR RÉUSSIR VOS MACROS ?

Pour réussir à faire de la macro, votre matériel doit être capable de vous proposer un ratio intéressant entre la focale et la distance de rapprochement minimale. Normalement, tous les appareils en sont capables, mais les appareils hybrides ressortent encore une fois du lot, grâce à la taille de leur capteur (jusqu’à 6 fois plus gros que sur un compact) et à leurs objectifs interchangeables. Certain APN (Appareil Photo Numérique) ou objectifs ne peuvent plus faire la mise au point à moins d’un mètre ou deux alors que d’autres y arrivent encore à quelques centimètres !

Quoi qu’il en soit, rappelez-vous que vous serez toujours déçu du résultat avec un appareil d’entrée de gamme ou même avec un bon boitier accompagné d’un objectif inadapté… La qualité finale d’une photo sera automatiquement tirée vers le bas si un maillon de la chaine de votre équipement n’est pas à la hauteur du reste. Bien entendu, le must est de disposer d’un objectif macro. Cet objectif est conçu pour réussir à faire une mise au point en restant très proche de son sujet, mais aussi d’être lumineux, c’est-à-dire capter au maximum la lumière ambiante, sinon vous risquez d’obtenir du bruit sur l’image, un grain disgracieux.

À savoir : la distance minimale que vous autorise votre objectif ne se mesure pas depuis la lentille frontale, mais depuis votre capteur ! Pour connaître sa position, repérer ce symbole (un rond barré d’un trait) dessiné sur votre boitier. Ainsi, si votre objectif vous permet un rapprochement de 25 cm, votre sujet ne pourrait être en fait qu’à une dizaine de centimètres de votre lentille !

distance minimale

TOUT MISER SUR LA PROFONDEUR DE CHAMP

La profondeur de champ est primordiale pour réussir votre macro. La profondeur de champ correspond à « l’épaisseur de netteté » que vous allez régler pour que votre premier et dernier plan soit flou tout en gardant un sujet net.

Ce réglage va donner du relief à l’image. Pour un portrait, la Profondeur de Champ pourra être d’environ 50 cm, pour que le visage soit net, du bout du nez jusqu’aux derniers cheveux. Pour un paysage, la Profondeur de Champ pourrait être de quelques mètres à l’infini si l’on veut que l’image soit entièrement nette.

À l’inverse, la macro devra demander plus de précision, car la Profondeur de Champ ne sera que de quelques millimètres… Autant vous dire qu’il va être impératif d’être extrêmement stable : le moindre mouvement d’avant en arrière – même millimétrique - va déplacer la zone de mise au point ! Ainsi, vous risquez de vous retrouver avec l’abdomen de votre insecte net et la tête floue !

Rappel : la profondeur de champ de votre appareil se règle grâce à l’ouverture, qui se présente sous la forme de f/3,5 par exemple. Plus cette valeur est petite, plus votre profondeur de champ va être réduite. Aussi, votre ouverture dépend également de la focale : votre objectif vous limitera à l’ouverture maximale possible pour lui, à une focale donnée. Vous trouverez ces informations écrites sur votre objectif ou dans son manuel. À savoir aussi : le réglage de l’ouverture n’est disponible qu’en mode semi manuel ou manuel (M ou AV).



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Évidemment, lorsque vous allez définir l’endroit où faire la mise au point, vous devrez sélectionner votre sujet prioritaire, voir même une partie de votre sujet si votre profondeur de champ est très restreinte. Prenons l’exemple d’un insecte : si vous souhaitez que votre libellule soit entièrement nette, vous devrez la choisir comme sujet de mise au point pour qu’elle se détache du reste de l’image, et ne pas trop serrer votre profondeur de champ pour que l’insecte soit entièrement net.

Ensuite, si toutefois vous souhaitiez encore réduire votre profondeur de champ, vous devrez faire la mise au point sur une partie de l’insecte, comme sa tête par exemple. Pour serrer encore plus votre sujet, la mise au point devra être faite sur les yeux, ou l’œil le plus proche si vous devez en choisir un. Dans la plupart des cas un trépied et un plateau micrométrique pourront être d’une aide précieuse.

Conseil : si votre s jet est plutôt immobile et vous en laisse le temps, passez votre appareil en Manual Focus et jouez avec la bague de mise au point, puis prenez quelques séries de photos. Vous augmenterez ainsi vos chances de réussites. Pour information, même en manuel, les collimateurs de votre appareil (les petits points qui sont à l’intérieur de l’œilleton et qui vous indiquent où la mise au point va être faite) resteront actifs pour vous aider !

STABILITÉ À TOUT PRIX !

Lors d’une macro, la profondeur de champ est extrêmement courte, de l’ordre de quelques millimètres : vous pouvez avoir les yeux d’une abeille nets et ses ailes floues !

La première idée serait donc d’avoir un trépied, seulement mis à part pour des sujets fixes, coquillages, toile d’araignée, une nature morte… votre trépied pourrait bien vous gêner : les insectes bougent, les fleurs sont souvent au ras du sol et le vent fait bouger sans cesse la feuille d’arbre qui vous intéresse !

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Dans cette configuration, vous pouvez plus rapidement gagner en stabilité en adoptant une posture adéquate :

  • Écarter vos pieds à la largeur de vos épaules : cela vous donnera de la stabilité latérale
  • Avancer d’une trentaine de centimètres l’un de vos pieds : cela vous donnera de la stabilité frontale.
  • Callez vos coudes sur votre ventre et pliez légèrement vos genoux. Cela descendra votre centre de gravité.
  • Retenez votre respiration le temps de la prise de vue.
  • Tenez votre appareil à deux mains, de manière logique et confortable.

Si vous respectez ces quelques règles, vous allez sentir que votre corps se bloque et qu’il ne fait plus qu’un avec l’appareil : si vous devez changer légèrement d’angle, c’est tout votre corps qu’il faudra déplacer avec votre appareil, afin de conserver votre stabilité.

Conseil : quel que soit le sujet pris en photo ou le mode utilisé, vous obtiendrez toujours un bien meilleur rendu en positionnant votre appareil à la même hauteur que votre sujet. Vous éviterez ainsi les vues trop plongeantes qui risquent par exemple « d’écraser » votre insecte, sauf si bien sûr votre but est de créer ce genre d’effets…

MÉFIEZ-VOUS DU FLASH !

Après quelques essais de photo macro avec flash, vous allez vite vous rendre compte de certains problèmes dus à la proximité avec votre sujet…

1. L’ombre marquée

Avec un flash pop-up ou intégré, le bas de la photo est souvent dans l’ombre, cachée par l’objectif. Effectivement, plus vous vous rapprochez du sujet, plus votre objectif risque de se trouver entre le flash et votre sujet, déportant une ombre disgracieuse, rendant votre cliché inexploitable.

Vous avez plusieurs manières de remédier à ce problème :

  • S’éloigner un peu et zoomer plus : cette solution risque de vous frustrer, car vous risquez de perdre en composition, le rendu ne sera pas le même que celui que vous souhaitez. De plus, vous augmenterez le risque de flou de bouger.
  • Essayez de faire la photo sans flash : pas toujours évident, surtout en intérieur si le sujet bouge un peu. Mais dans de nombreux cas de photos extérieurs, cette solution vous conviendra parfaitement
  • Avoir un flash déporté : vous allez apporter la bonne quantité de lumière sous le meilleur angle possible sans les inconvénients cités précédemment
  • Être équipé d’un flash annulaire : Si vous en avez les moyens, cette solution risque bien de régler tous vos soucis d’éclairage : conçu pour des prises de vue rapprochées, cet équipement est parfait pour la macrophotographie !

2. L’image brûlée

Une photo dite brûlée décrit une image où la quantité de lumière reçue est beaucoup trop forte à certains endroits, remplaçant les détails et les couleurs par une zone blanche. C’est le défaut le plus difficile - voire impossible - à corriger, même avec un bon logiciel de traitement d’image. Si vous êtes à l’aise avec la retouche d’image, vous devez savoir qu’il est plus facile d’éclaircir une image sombre que de foncer une image trop lumineuse, car – contrairement à l’argentique – les couleurs et les détails se perdent irrémédiablement lorsqu’une partie de la photo est brûlée. Certaines marques d’APN vous proposent d’ailleurs d’identifier les zones brulées après chaque prise de vue, en faisant « clignoter » la zone descellée du blanc au noir.

3. Les couleurs moins intenses que la réalité.

C’est souvent un problème de réglage du flash. Le réglage principal de votre flash est la correction d’exposition, que vous pouvez augmenter ou diminuer sur la quasi-totalité des appareils numériques, mais souvent disponible en mode manuel. Si votre flash est un accessoire additionnel à votre appareil, il y a de grandes chances qu’il soit également orientable, avec diffuseur. Nous vous conseillons de faire différents tests avec un même sujet et une même luminosité ambiante afin de vous familiariser et de maitriser cet accessoire précieux.

CONCLUSION

Voilà, vous avez désormais tous les éléments en main. Il ne vous reste plus qu’à parcourir les herbes de votre jardin, les sous-bois environnants ou votre grenier à la recherche d’une prochaine vedette miniature.

Nature... Action !